Extrait du journal de bord de Océan Dentiste.
6/11 Passage magique du Cap Vert !
Bien calé sur une arrivée au petit jour, en ralentissant juste comme il faut pour profiter du spectacle, on s’est engouffré dans le passage étroit des îles de Sao Antao et Sao Vicente. 7 miles de large pour des montagnes atteignant 1800 mètres de chaque côté. Rajoutez un levé de soleil sur ces montagnes et une mini nappe de nuages bloquée autour du piton, et le décor est parfait !!
Si le vent accélère jusque 30 nd dans ce passage, un cône de dévent apparait ensuite dès qu’on met le clignotant à droite vers les Antilles. Parfait pour longer les côtes de sable volcanique, affaler la grand-voile pour patcher les zones de frottements, vérifier le gréement et faire un petit plongeon dans l’eau chaude ! Le rêve ! Ça fait du bien de couper le bruit de l’eau qui défile autour du bateau !! Un grand calme après déjà 5 jours de mer.
Le ministère de la pêche avait un sursis jusqu’au Cap Vert avant un renouvellement des effectifs, et comme pour apaiser les esprits, nous avons enfin pêché un petit thon juste avant d’affaler la grand-voile sous le Cap Vert !! Du coup, le ministre prolonge son engagement !
En revanche, la relance après cette petite pause a été très dure ! En sortant du dévent, on a hérité aussi d’une belle accélération à 25/30 nd et une mer casse bateau, probablement due à un croisement de houle et du courant autour de l’ile. Bref, retour aux affaires difficile qui contraste un peu trop vite avec notre baignade dans une mer d’huile une demi-heure plus tôt !! Il nous a bien fallu 20 miles pour retrouver des conditions plus classiques de mer et de houle poussante.
Une journée bien variée, incroyable même, mais un contraste qui peut être déroutant pour nos corps et notre esprit qui ont besoin d’une certaine routine pour supporter ces 2/3 semaines de mer ! Voir la terre sans s’y arrêter peut-être aussi une chose difficile à assimiler !
Nous voilà en route vers le grand saut… et nous venons de fêter à bord la barre des 2000 miles restant à parcourir sur les 3000 miles initiaux !!
7/11 L’alizé est bien installé et nous pousse vers les Antilles. 15/18 nd avec quelques variations d’angle bien négocié par notre pilote automatique réglé sur l’angle de vent. Il faut avouer qu’on barre que quand on veut se faire plaisir au soleil sous spi, hier soir !! Pour notre bateau assez nerveux, c’est plutôt hyper rassurant d’avoir un outil aussi technologique à bord, capable de contrer la puissance des vagues venant de l’arrière dans des surfs à plus de 16/17 nd… Du coup on fait quoi si on n’est pas en permanence à la barre ? On s’occupe de la pêche, des vacations radio avec les Mini 6,50, des mails au PC course, et de Max qui demande un peu de boulot aussi, même s’il est vraiment super ! Il joue dans son parc, se balance debout sur son filet au rythme des vagues, et nous fait bien rire avec ses sourires de canaille !!
Pour une transat réussie 2 choses sont indispensables : un bon pilote auto et une bonne fiabilité, charger et stocker l’énergie du bord. Avec nos 600 watts de panneaux solaires, on est quasi-autonome. Il nous arrive parfois tout de même de faire tourner le moteur pour recharger quand les voiles font trop d’ombre sur les panneaux et que Max prend trop de bain !! Et oui, le dessalinisateur fonctionne à plein régime pour les besoins de Monsieur Max : biberons, bains, lessives des couches et des vêtements qui ont du mal à résister aux repas énergiques du petit bonhomme !!
8/11Le coiffeur est passé à bord de Castor. Un coup de ciseau incroyable, un effilage au rythme des vagues, digne des plus grands salons Parisiens !! Quoi de mieux qu’un coup de fraicheur pour lutter contre les températures qui montent de plus de plus !!
Les grains viennent compliquer notre navigation paisible dans les alizés. Il faut s’en méfier pour éviter les coups de vent brusques qui peuvent être traitres !! Mais il faut aussi savoir se placer et utiliser les bascules pour faire des bords plus rapprochant vers le but.
Maintenant que nous sommes placés sur la route « sud » des Antilles, le vent vient de l’est et comme un bateau n’avance pas dans l’axe du vent arrière, il faudra « dandiner du cul » pour arriver jusqu’en Martinique. Expression naissante dans le lexique des marins, dont l’origine viendrait d’un vieux cousin breton qui traduit la multitude d’empannages nécessaires pour avancer sur la route au portant ! Le postérieur de notre catamaran sortant de la dernière fashion week, on est plutôt serein sur notre trajectoire !
7 jours depuis notre départ des Canaries ! Demain ce sera mi-parcours ! On essayera d’envoyer une photo par satellite pour fêter ça avec vous …
Bises de l’équipage sur le TS42 Océan Dentiste !
Position Le 8/11 à 18h30 UTC : 17 21N 32 33W